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"Les initiés, seuls, savent ce qu'il faut vaincre lorsque, dans la chaleur de l'été ou du studio, l'émotion du site ou le bruit infernal des machines, la peur de se trahir soi-même... On se retrouve finalement aux prises avec la réalité brutale de la réalisation, face à face avec cet ennemi perspicace et exigeant : l'objectif ! Vous voici devant l'appareil, vous commencez à jouer et ce qu'il vous faut vaincre alors, c'est votre désir de jouer [...]. Quand on a dévêtu ce goût gênant de remplacer, par certaines conventions arrêtées d’avance par la réflexion, la manifestion mobile de soi-même, une nouvelle épreuve vient chaque fois effrayer l'interprète cinématographique : celle de savoir proposer à l’impressionnabilité de la pellicule une vie profonde, une vie essentielle : la vie de toute son âme."
Las d'être confiné aux rôles de séducteur mièvres, il passe à la réalisation pour deux films au titre évocateur, Le Marchand de plaisirs (en 1923) et La Galerie des monstres (1924), où, se réservant le premier rôle masculin, il s'emploie à casser son image trop lisse, s’affublant de haillons ou en enfilant un déguisement de clown… "Suis-je Don Juan ? Je ne le sais pas… mais il m’arrive de me suggestionner au point de vivre passionnément la vie de celui que j’incarne et cela non seulement sur le studio mais aussi au dehors." Officiellement marié en 1932 à une jeune femme gravitant dans l'entourage de... L'Herbier mais fréquentant un cercle d'amis ne faisant guère mystère de leur goûts homosexuels, il cultivera jusqu'à sa mort, en 1965, une grande discrétion quant à sa vie privée, aimant à dire, très élégamment, que "sa propre vie est un film que l'on doit être seul à regarder."
En 1933, il s'installe au États-Unis en tant qu'envoyé spécial du quotidien Le Journal, pour lequel il rédige une série de reportages sur les grandes vedettes disparues de l'écran. L'année suivante, Marcel L’Herbier lui demande de jouer dans Le Bonheur (1935). Il s'éloigne des écrans, où son "personnage mélancolique, romantique", son physique d'éphèbe, aux traits fins" n'est plus de mise face aux jeunes loups qui ont pris la relève. Il se tourne vers le théâtre, le doublage (notamment pendant la seconde guerre mondiale, où il vit sur le continent américain), tout en faisant quelques apparitions, à l'écran puis à la télévision, dans des rôles souvent très modestes, notamment chez Renoir (French Cancan, Elena et les hommes, Le Testament du Docteur Cordelier) ou le fidèle L'Herbier (Les derniers jours de Pompéi), auquel il consacre un livre honoré du Prix Canudo, Jaque-Catelain présente Marcel L'Herbier (1950).
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source : http://www.encinematheque.net/muet/M11/index.htm
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